« D’abord redistribuer les richesses » ; tel est le fil conducteur constant de l’activité des militantes et militants regroupé.es depuis plus 33 ans autour de la revue Démocratie & Socialisme, une revue qui a toujours fait de la question sociale, des luttes du salariat le cœur de sa ligne éditoriale.
Ce combat permanent pour la justice sociale et l’égalité des droits (hommes-femmes, Français-immigrés…), nous l’avons mené en tant que syndicalistes et qu’animatrices et animateurs d’associations, mais toujours aussi en tant que militant.es politiques, pour construire une gauche qui puisse prolonger, sur le terrain politique, le combat social auquel l’urgence écologique est venue s’adjoindre. « Fin du mois, fin du monde : même combat » !
Des années de combat
À l’issue du calamiteux quinquennat de François Hollande, il nous est apparu clairement impossible de continuer à mener ces combats au sein du Parti socialiste (d’autant plus que la direction du PS a, en janvier 2018, restreint les possibilités de déposer une motion à son congrès prévu en avril de la même année).
C’est ce qui nous a conduits, sur la base d’un texte signé par 1 111 militants socialistes appelant à « la reconstruction de la gauche », à fonder le 20 janvier 2018 la Gauche démocratique et sociale (GDS). Nous pensions alors qu’une recomposition en profondeur de la gauche ne tarderait pas, tant nous savions que des dizaines de milliers de militantes et militants l’attendaient. Malheureusement les années ont passé, et les logiques d’appareil ont prévalu à gauche.
Nous avons pourtant sans relâche poursuivi notre combat pour le rassemblement à gauche, alors que la division y faisait rage, en participant avec celles et ceux qui ne s’y résignaient pas à différents appels et regroupements pour cette unité de la gauche sociale et écologiste sur la base d’un programme de transition et de rupture avec le néo-libéralisme. Sans jamais céder sur une question aussi essentielle que le respect de la démocratie et du pluralisme de la gauche !
La création de la Nouvelle unité populaire, écologique et sociale (Nupes) en mai 2022, puis du Nouveau Front populaire, en juin 2024, ont donné raison à notre ténacité : il n’y a pas deux gauches irréconciliables !
Si près du but…
Si l’unité au sommet est possible, malheureusement, elle est « verrouillée » par les quatre « principales » formations de gauche. Pas d’inclusion de tous les « petits » partis qui ont pourtant déclaré leur accord avec le programme du NFP, pas de réelle association des forces syndicales, pas de comités dans les territoires réunissant militants de tous les courants de la gauche avec des citoyennes et citoyens non-encarté.es… Autant de manques qui fragilisent dans la durée le NFP aujourd’hui comme ce fut le cas hier avec la Nupes. Voilà qui montre toute l’utilité, toute la nécessité de regrouper tous les unitaires au sein d’une nouvelle force, d’une nouvelle organisation politique, d’un nouveau parti qui au sein même du NFP puisse peser, et plus seulement commenter de l’extérieur !
L’absence de cadre de débat démocratique au sein de La France insoumise (LFI) a entraîné une purge de certains de ses fondateurs comme Alexis Corbière, Raquel Garrido, Danielle Simonnet… puis le départ de Clémentine Autain, de François Ruffin et de bien d’autres. En juillet, les fondatrices et fondateurs de l’Association pour une république écologique et sociale (L’Apres) ont tout de suite fixé la perspective de la construction d’une nouvelle force politique. Cela rentrait évidemment en résonance avec les préoccupations de la GDS, mais aussi de celles et ceux qui, avec nous animaient, un Comité de liaison depuis de nombreux mois (militants d’Ensemble!, de Génération.s, de Nouvelle Donne…).
Les six derniers mois ont été émaillés par nombreuses rencontres qui ont réuni L’Apres, la GDS, Ensemble!, Génération.s, Picardie debout !, mais aussi, au début, la Gauche écosocialiste (GES) et Alternative communiste (AC). Ces deux derniers regroupements ont ensuite donné la priorité à leurs propres débats.
Le 9 octobre dernier, nous étions sur le point d’aboutir au regroupement de ces cinq formations. C’est alors que notre ami à toutes et tous, François Ruffin, a choisi, pour des raisons qui lui sont propres, de geler le processus, entraînant avec lui Picardie Debout !. Génération.s a de son côté décidé de poursuivre le débat en interne avant tout nouvel approfondissement du processus de convergence. Ce dernier était de fait au point mort. À nos yeux, il était pourtant impossible de ne pas aller de l’avant. Quitte à reprendre ces échanges à deux ou à trois composantes, ce que nous avons fait en fin d’année 2024.
Convergences politiques réelles
Les débats que nous avons eus ces derniers mois ont montré que les gauches unitaires partagent les mêmes analyses politiques. Le 7 juillet, l’arrivée en tête de la gauche a été un sursaut, fruit différé des grandes mobilisations unitaires du premier trimestre 2023 en défense de nos retraites contre la loi inique des 64 ans.
Nous avons écarté, grâce à l’union du NFP, le terrible danger de l’arrivée immédiate au pouvoir du RN avec la complicité de Macron. Mais nous sommes en sursis. Un séisme menace. Tout dépend des luttes, et de la profondeur, de la qualité, de la force de l’union du Nouveau Front populaire, et c’est pourquoi nous voulons ensemble la construire vite de la base au sommet, démocratiquement.
Nous observons qu’il y a des centaines de milliers d’électeurs, de militants, de syndicalistes, de sympathisants qui veulent cette union, forte, radicale et déterminée, collective, démocratique, en vue des luttes sociales sur le terrain, des élections municipales de 2026, et présidentielles. Un accord national pour des listes communes aux municipales. Une candidature commune dès le premier tour aux présidentielles.
Mais alors qu’elles et ils sont disponibles, la majorité de nos électrices et électeurs, de nos soutiens n’appartiennent ni au PS ni à LFI. Principalement parce que le PS est mis sous pression en vue de son congrès de juin 2025 par une aile droitière qui veut briser le NFP et se tourner vers les macronistes et la droite sous couvert d’un « front républicain » qui est sur le fond politique antinomique aux projets de la gauche et aux besoins du salariat, notre classe sociale. Principalement aussi parce que LFI n’est pas démocratique et que celles et ceux qui s’y retrouvent sont soumis aux désiderata d’une direction non élue, non contrôlable par les militant.es et que celle-ci n’est mue visiblement que par l’élection présidentielle et coûte que coûte, par la candidature de son leader.
L’urgence du rassemblement
Il existe des forces politiques très conscientes de cela : L’Apres, Génération.s, Ensemble!, Picardie debout !, évidemment la GDS, mais aussi la Gauche écosocialiste ou encore Nouvelle Donne. Prise séparément, aucune de ces organisations n’a assez de forces pour peser sur la situation. Pourtant, nous convergeons sur la quasi-totalité des questions de fond. Nous avons pour base le même programme : celui du NFP. Nous défendons une écologie convaincue pour l’humanité et la planète. Nous défendons tous le travail contre le capital, notre classe, le salariat, contre la classe capitaliste, le patronat, l’actionnariat… Et la praxis démocratique n’est pas une option parmi d’autres ; c’est un principe fondamental à nos yeux à tous.
À la GDS, depuis notre construction indépendante, début 2018, nous sommes sans doute le groupement le plus anciennement engagé, dans cette bataille pour l’union et la construction d’un nouveau parti des gauches unionistes. Mais nous sommes soucieux qu’il n’y ait aucune prévalence et que ce soit à égalité, en respectant scrupuleusement nos histoires et nos personnalités, que des fusions s’opèrent pour construire cette force politique nouvelle et commune.
Nous pensons qu’il y a péril et urgence : nous sommes en pleine instabilité politique, institutionnelle, vers une possible explosion sociale à tout moment. Nous voyons que le NFP reste trop fragile sinon vulnérable, ce qui démultiplie les interrogations, exaspérations, attentes, colères au sein de la gauche. Il faut éviter les doutes et découragements, il faut mobiliser, préparer les échéances, être présents sur le terrain. VITE !
Plus de temps à perdre
L’enjeu est de forger un outil militant – unitaire, pluraliste, démocratique – capable de peser pour préserver le cadre du Nouveau Front populaire, sa dynamique populaire et son orientation programmatique, ce qui est loin d’être acquis. Il y a urgence et nos forces sont, au départ, limitées. Mais l’attente, unitaire et sociale, est forte dans le pays. Autant que l’est notre ambition d’y répondre, et mieux que les quatre principaux appareils actuels du NFP.
Le 20 décembre 2024, la GDS, le mouvement Ensemble! et L’Apres ont confirmé leur volonté de converger dans une organisation commune. L’Apres, seule formation représentée à l’Assemblée avec quatre députés, et en phase d’élaboration de ses statuts, se propose d’être pour l’instant le cadre du rapprochement et d’élargir pour cela ses instances nationales.
De leur côté, Génération.s (et son parlement réuni le 19 décembre), ainsi que Picardie Debout !, expriment de nouveau leur intérêt pour l’émergence d’une force politique commune, ce qui amènerait à poursuivre les discussions sur la structure et le nom d’une formation nouvelle.
La direction de L’Apres a proposé à la GDS une fusion au sein de L’Apres. Le Conseil national de la GDS, réuni le 26 décembre (voir l’article suivant), a décidé de répondre positivement et sans tarder à cette proposition. Il s’agit de commencer à faire vivre un cadre ouvert qui permettra de construire un rassemblement plus large, un parti commun, en premier lieu avec nos camarades d’Ensemble avec lesquels nous menons depuis plusieurs années nombre de combats unitaires. Mais aussi avec ceux de Génération.s, de la Gauche écosocialiste, de Nouvelle Donne, les amis de François Ruffin et tant de citoyennes et de citoyens attaché.es à l’unité à gauche.
Les adhérentes et adhérents de la GDS auront le dernier mot : elles et ils sont appelé.es à voter du 19 au 23 janvier.
Pour lire le texte issu du Conseil national de la GDS du 26 décembre, cliquer ICI